Commandante |
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Inscription: Aoû 11, 2006 23:23 Messages: 618 Localisation: Saint-Malo
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Bron-Yr-Aur
Doms plus bas a écrit: ...et puis l'eau, l'air, la vie quoi ©... Finalement, je trouve que dans Physical Graffiti ce morceau était nécessaire, c'est une belle éclaircie, le genre de clairière à l'air frais et apaisant... voilà quoi!
Doms
Voici un bien joli morceau très rafraîchissant issue des sessions de 1970 du Led Zep III, celles aux Island Studios dont étaient également issus Since I've been loving you et That's the way... Page et seul avec sa guitare acoustique et nous offre un très beau folk de son cru et à force d'arpèges et d'accords délicats, il recréé là, devant nous, l'image sonore de Bron-Yr-Aur, le cottage de Snowdonia en plein coeur du magnifique Pays de Galles où le groupe s'est si souvent réuni pour composer et répéter... http://www.terresceltes.net/region.php?id=20 Musicalement, l'on est bien sur en plein dans l'ambiance campagnarde et bucolique de ce fameux album dont la venue avait tant étonné son monde à l'époque mais que tout le monde avait finalement bien aimé et adopté, il en devint même indispensable. En l'écoutant, je pense aussi aux superbes images de nature de la vidéo de "No Quarter", beaucoup de vert sur le morceau lui-même, mais des paysages plus déserts et durs comme sur le très sobre et acoustique "Nobody's fault but mine", et puis l'eau, l'air, la vie quoi ©... Finalement, je trouve que dans Physical Graffiti ce morceau était nécessaire, c'est une belle éclaircie, le genre de clairière à l'air frais et apaisant où le groupe se repose après le travail de titans déjà fourni jusqu'alors et pour mieux redémarrer pour la furie (souvent plus calme celà dit...)à venir. Et je me demande même si le premier disque et In the light ne seraient pas sensés représenter une sorte de best-of du début de leur carrière "lourde", et si ce tout petit Bron-Yr-Aur ne serait pas en fait le minuscule résumé du Led Zep III avec un peu le même rôle à tenir que tint en 1970 son père spirituel à la roue qui tourne... C'est sur que c'est ça... Non ?
Pierrou
La première fois que j'ai entendu Bron-Yr-Aur, ce n'était pas sur un disque de Led Zeppelin, mais dans un film sur Led Zeppelin. Une des plus belles séquences de the Song Remains the Same, en fait, où ce numéro aérien à la guitare folk accompagnait en douceur le trajet du groupe sur les autoroutes urbaines qui mènent au Madison Square Garden. Le morceau n'est pas juste un petit en-cas champêtre, il donne une impression de plénitude fragile et procurerait presque le même plaisir amer que la dernière cigarette du condamné. Vous vous souvenez du Bron-Y(r)-Aur Stomp de Led Zep III? Tout le monde était là autour du feu à rigoler, à taper dans les mains, le vieux chien de Plant qui vous léchouillait les doigts, tout ça... Cinq ans après, que reste-t-il de cette belle insouciance? Deux ou trois pensées suspendues d'avant concert, à l'arrière d'une limousine de location... Bron-Yr-Aur est aussi un moment important de Physical Graffiti. On y retrouve le raffinement sonore extrême du morceau précédent, dans un enchaînement astucieux du genre "marabout-bout de ficelle" typique du disque 2. Loin de la chaleur de Led Zeppelin III, la guitare spectrale aux contours changeants de Jimmy Page égrène un folk hors du temps qui vaut aussi par son interprétation étonnamment nerveuse et engagée. Venant d'un producteur aussi avisé et d'un instrumentiste aussi brillant que Page, ce contraste entre le son, désincarné, mystérieux, et la rudesse du jeu de guitare interpelle forcément. Comme si le Zep ne pouvait pas simplement sortir les guitares et jouer, comme si les fantômes, les groupies et tout le rock'n'roll circus devaient forcément s'inviter à la fête. C'est exactement ce que montrent aussi les images du set acoustique d'Earls' Court, en avril 75, sur le DVD. Quatre musiciens qui échangent des regards complices, assis sur de bons vieux tabourets en bois et filmés tout du long en plan serré, on s'y croirait presque à nouveau, à Bron-Yr-Aur, mais leurs habits de lumière et le murmure de la foule nous rappellent en permanence qu'on est dans l'arène avec les fauves. Peut-être qu'on avait été un peu naïfs de penser, jusqu'ici, que les chuchotements de Plant et les bruissements de la guitare sèche de Page n'étaient destinés qu'à nos seuls creux d'oreilles... Alors pour cette fois, on va faire encore comme si, on va y rester un peu, dans cette petite bulle de nostalgie, hors du temps et hors du monde. Ne soyons pas comme l'imbécile du proverbe chinois qui, lorsqu'on lui montre le génie sur la scène, regarde le cottage en carton pâte qui est derrière...
_________________ despète
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