Non, ils sont trois.
Mais quand ils sortent la tronconneuse, ils font autant de bruit que quarante.
Bon je vous fait le topo.
Déjà, le concert était annoncé comme "faust + guests"
Il faut savoir, donc, que les guests en question se révélèrent être...un tailleur de pierre et un soudeur, qui travaillaient leur sculpture pendant le set.
Déjà, moi, je vois un truc comme ça, je suis heureux, c'est des gens qui ont tout compris.
Une fois le groupe arrivé, on a eu droit a tout un concert plein d'idées, de folie, et même parfois de bonnes idées et de bonne musique. Mais bon, si c'était le but d'un concert, ça se saurait. Et tout en français, grâce à jean-hervé péron, ce brave jean hervé.
Ils jouent, ils jouent.
C'est parfois du pur krautrock (et même plus, volontairement: le morceau le plus représentatif est introduit par jean hervé: "on a souvent dis que nous faisions de la choucroute. Vous voulez de la choucroute, en voila de la choucroute. C'est pas du roquefort, c'est de la choucroute" Krautrock=rock-choucroute plus ou moins) transcendental, mené par la rythmique dévastatrice du batteur géant (il fait au moins 2 mètres et a une carrure énorme).
Parfois c'est totalement bruitiste.
Y a même eu une valse. Mais une valse carrée, parceque bon, ils sont teutons quand même.
Une énorme version de the sad skinhead, aux paroles en partie transposées en français pour l'occasion.
Une version toute naze de it's a rainy day, sunshine girl (on entendait pas la guitare)
Une version sans compromis de "j'ai mal aux dents, j'ai mal au pied aussi" qui a duré bien longtemps, pour mon plus grand bonheur. J'ai mal au dent, j'ai mal aux pieds aussi, j'ai mal aux dents, j'ai mal au pieds aussi, j'ai mal aux dents, j'ai mal aux pieds aussi....
Et puis, le meilleur, le reste.
Entre deux morceaux, jean hervé descend dans la (très petite) salle, au milieu du (minuscule) public, sors une table à repasser et repasse.
"repasser, ça me fais planer"
Pendant une bonne dizaine de minutes.
Comprenez, il ne se passait rien d'autre pendant tout ce temps, sinon un coup du tailleur de pierre de temps en temps.
et le plus grand moment que j'ai jamais vu dans un concert:
Après avoir fait des tas de bruits avec des bouts de ferailles, le groupe ne joue plus, J-H descend dans la salle, empoigne un appareil et le démarre. C'était une tronconneuse. Le boucan est énorme, ca fait plus de bruit que tout ce qu'ils ont pu jouer avant. La salle étant très petite, ca prend une dimension énorme, on entend que le rugissement de la tronconneuse. Il gueule: "VAS Y! VAS Y!" Il la tend au dessus de lui comme un fou furieux et, traversant le public, se lance sur le mur de l'autre côté de la pièce. Pendant ce temps là, le guitariste prend une meuleuse, et l'actionne sur une énorme roue dentée suspendue au plafond, la faisant résonner d'un cri puissant qui se mèle au raffut de la tronconneuse. Arrivé au mur, jean hervé se met dans un même élan à écrire dessus avec sa tronconneuse, toujours en criant. il grave VAS Y DROIT DEVANT! d'un geste nerveux, le platre s'envole quelque peu autour, la meuleuse crie, le batteur tape sur des cymbales. Et tout ça a 10 mètres de moi, je suis au beau milieu de l'apocalypse.
C'était grand, quoi.
Pour ceux qui ne connaissent pas,
The sad skinhead
J'ai mal aux dents
Qui sont disponibles sur le site officiel