Commandant |
|
Inscription: Aoû 11, 2006 23:02 Messages: 3143 Localisation: 48.38°N 2°E
|
sur ce passons à la suite
Light, Light, Light, In The Light
Doms
Après les mille et une nuits de Kashmir clôturant majestueusement le premier disque, il n’était pas prévu que nous redescendions trop vite sur terre, les voyageurs du Starship sont bien avisés…ils avaient prévu pour nous d’autres trips en tapis divers… Ainsi, In The Light débute le deuxième disque dans une atmosphère à la Terry Riley qui voudrait nous faire son India Song à lui, et pour l’occasion, c’est John Paul Jones qui se met aux fourneaux électroniques pour cette superbe intro d’un morceau jamais joué live, sauf par allusions furtives. En effet, il était paraît-il impossible de le jouer sur scène vu la complexité électronique fut-il dit à son sujet, ce qui ne manque pas de m’étonner quand on sait ce que faisaient de leurs claviers des Herbie Hancock ou autres Chick Corea à l’époque. Qu’importe, cela n’en garde que plus intacts son secret et sa rareté. Une intro qui n’est pas sans rappeler aussi l’exquis tapis sonore introductif que j’avais eu le plaisir d’écouter lors d’un concert de Shakti il y a quelques années…merveilleuse impression de paie recueillie… Mais après quelques mots assez préchi-précha dit sur ce tapis méditatif, le rock et ses turbulences ne tardent pas à prendre provisoirement le relais en un break assez baffe-à-la-tronche typiquement zeppelinien et assez spectaculaire car répété plusieurs fois tout au long du morceau comme pour asséner une bonne fois pour toutes le « définitif et irrévocablement rock » en nos cervelles offertes. Ce riff assez particulier de Page est en zigzag comme le « z » de Zorro signé plusieurs fois sur nos petites bedaines auditives émerveillées, le tout posé sur une autre ligne de guitare plus profonde et en léger contrebas qui arrive et s’éteint à chaque fois comme une petite comète furtive. Ce riff n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui plus volumétrique et baroque qu’avait concocté Steve Hove à peine deux ans après dans le majestueux « Awaken » qui tatoua à vie Yes et leur album « Going For The One ». Et pendant ce temps là Plant papotte, wo ou wo o….etc etc… Et puis ainsi va la vie zeppelinienne de l’instant, on aborde alors une clairière plus débonnaire ou le mélotron de John Paul Jones nous entraîne en un petit passage plus calme et convenu, ça assure tranquille, le Plant prêche à tout va et puis revoilà les rives du Gange tout entier devant nos yeux en attente et le riff du Zorro rock aussi est revenu nous racoller….in the light. …in the light…you will find the road….c’est mignon comme tout quand j’y repense…ça jour fort, ça fait plaisir … Mais le temps passe si vite dites donc….hé oui, en même temps que Plant re-chante toute sa préchouille, et vas y que je te « in the light …in the light… » , hé bien il y a Page derrière qui assure déjà un final de guitare enchevêtrées absolument magnifiques, ça étincelle, ça aveugle, ça se myriade en multitudes de notes qui hypnotisent dans des célérités incontrôlées et nous chopent le raisonnable comme pour dire qu’on est grisés pêtés par cette coupe offerte .et…hop hop…on ne dit pas de mal on aime…on l’aime ce fading…Mais oui on l’aime car c’est ça la classe de Led Zeppelin que de savoir « aussi » terminer ses morceaux dans une espèce de grandeur que d’autres ne se seraient pas offerte et pourtant, il ne s’agit que d’une aube ou d’un crépuscule…lequel choisir ? Vous me direz, tant qu’il y a du soleil, tant qu’il y a de la lumière…. Oui Ps : Il se disait à l’époque que In The Light était le morceau de bravoure de Physical Graffiti pressenti par Jimmy Page et non Kashmir, or l’histoire du rock en a décidé tout autrement. Allez savoir pourquoi…
Pierrou
Hommes de peu de foi que nous sommes, on n'y avait pas cru. Mais comme promis, au bout du premier disque, c'est bien le Cachemire qu'on aperçoit. Longue intro indianisante, John Paul Jones sculpte des horizons nouveaux dans un smog synthétique et mystique évoquant autant une improvisation à l'orgue dans une chapelle de campagne qu'un raga rétrofuturiste. Un genre de No Quarter délocalisé, intoxiqué surtout. Le Zeppelin a fait tant de fois le tour du monde que ses priorités ont changé : les visites guidées, les cartes postales, c'est fini, les quatre rock stars préfèrent maintenant s'enfermer dans leurs chambres d'hôtel pour s'enivrer à s'en rendre malades des spécialités locales. Lorsque arrive la voix de Robert Plant, drôlement arrangée elle aussi, dédoublée comme dans les films de série Z - quand les personnages rêvent ou qu'ils ont bu, là, c'en est trop pour des oreilles du XXIème siècle. A un moment, on croirait entendre la bande son d'un film satyrique sur les babas cool. Et ces paroles! "Si tu sens que tu ne peux pas continuer... Tu n'as qu'à croire... Dans la lumière, tu trouveras la route". Hé ho, on a pas laissé nos filles sortir avec un Rolling Stone, c'est pas pour les envoyer se faire engourouter chez Robert Plant! Mais attendez... In the Light, c'était pas censé être le plat de résistance de Physical Graffiti, la pièce montée zeppelinienne ultime? On l'a dit, les priorités ont changé... Ca fait déjà quatre ans que Page a trouvé sa pierre philosophale : depuis Stairway To Heaven, on sait bien qu'il maîtrise à la perfection le dosage entre électrique et acoustique, tellurique et aérien, magique et concret. Alors maintenant, quitte à pondre un énième morceau de bravoure, autant s'amuser un peu et mélanger tout ce qui tombe sous la main. D'où cette seconde partie qui surgit juste au bon moment, aussi lourde et menaçante que le début se voulait éthéré. Brusquement, on débarque en pleine réunion de famille du Clan des Siciliens, c'est brûlant et malsain, infernal, pour tout dire. Page et Bonzo ont mis la chanson en route pour de bon, et Plant a quitté sa toge de prêtre hippie pour enfin nous donner du "baby" avec la gouaille qu'on lui connaît... Ce qui est amusant, c'est que cette section était beaucoup plus raccord avec la première dans les versions primitives de la chanson, disponibles sur certains bootlegs sous le titre In the Morning. A la place du synthé-cornemuse de l'espace du début, on pouvait alors entendre une partie de piano beaucoup plus jolie, mais aussi nettement moins surprenante. Cette manie de rejeter systématiquement la facilité, de tout remettre en cause tout le temps, ou presque, quitte à se planter, c'est vraiment une des qualités les plus impressionnantes du Zep, en live comme en studio. Encore récemment, il fallait entendre le vieux Jimmy massacrer à grand renfort d'électronique sa vieille scie de Whole Lotta Love devant un parterre (atterré) de golden boys à Wall Street... In the Light vaut quand même mieux que ça, surtout vers la moitié, quand Jones reprend le contrôle du morceau pour nous en livrer la clé, avec une partie de claviers sobre, belle, recueillie, et, heu...lumineuse, enfin! Et le son, ce son! Il est exactement à mi-chemin entre l'esthétique opiacée du début et le grondement qui suit, surtout quand il se trouve enrichi par cette sublime guitare harrisonienne en diable. Le synthé planant revient, le Plant dédoublé, et on ne vit plus que pour cette nouvelle montée, les guitares, la batterie, puis la lumière, à nouveau, la douceur du refrain, et ce final époustouflant, où fusionnent avec un bonheur inexpliqué tous les sons épars entendus depuis le commencement. Encore de la musique de drogués, me dira-t-on, et on aura bien raison. Ah, mais si tout le monde avait pris son fix de folie lumineuse ce matin, tout irait sûrement mieux, non franchement, ce genre de came devrait être remboursé par la sécu...
|
|