Commandante |
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Inscription: Aoû 11, 2006 23:23 Messages: 618 Localisation: Saint-Malo
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Down by the Seaside
morceau agréable à "entendre"...
par contre, il me semble que Pacey l'aime beaucoup lui; il pourrait ptêt nous en parler
Doms rien aujourd'hui vu que le serveur de son blog est en rade
Pierrou
Pour tous les "oubliés des vacances", le Secours Populaire organise chaque été des excursions en bus à la Mer du Nord. Led Zeppelin fait encore mieux : il écrit des chansons. Témoin, cette exquise balade emmenée par un piano électrique rêveur et cette magnifique guitare tremblotante comme une assiette de jelly. Balade, comme une promenade, hein : on s'y croirait tout à fait, en train de flâner gentiment quelque part au bord de la Mer du Nord ou du Channel. Même la bête Bonham s'est changée pour l'occasion en un gros nounours débonnaire, qui frappe imperturbablement ses tambours comme les vagues battent les falaises. Pour le coup, on le trouverait presque pataud, notre Bonzo, surtout en comparaison des autres, qui font passer en douce, sous la surface lisse de la chanson, plein de petites fioritures charmantes qui empêchent la monotonie de s'installer pour de bon. John Paul Jones, en particulier, est passé maître dans l'art de richement décorer les chansons du groupe sans les alourdir. Et de réactiver chemin faisant, aux côtés de la guitare jumelle de Jimmy, toutes sortes de bons souvenirs épars : le piano de Lennon sur Imagine, de vieilles berceuses de boîtes à musique, ou ces blues ancestraux que nous chantaient nos mamans... Il faudra quand même tendre l'oreille, car Down by the Seaside est tout le contraire de ces morceaux attrape-touristes avec effets stéréo à gogo et couleurs chatoyantes comme il y en avait tant sur les deux premiers albums. Pas non plus un de ces trucs trompeurs qui vous cueillent en douceur pour finalement vous expédier au septième ciel - genre Stairway to Heaven ou In the Light. Non, cette chanson-là restera tout du long - ou presque - au niveau de la mer, comme les discrets That's the Way ou Bron-Yr-Aur auparavant. Ambiance des heures creuses, il faut savoir aimer la douceur de ces cinq minutes de répit sous le ciel blanc. Page, Jones et Bonham assurent tranquillement, donc, Plant n'est pas mal non plus. Brillamment nonchalant lui aussi, il se contente ici avec bonheur de faire le minimum syndical. A la rigueur, on pourra quand même trouver déplacé qu'un type comme lui, qui allait pratiquement chercher sa demi-baguette en jet privé à la grande époque, vienne nous conseiller de mettre la pédale douce et d'aller écouter "ce que disent les petits poissons" (maintenant, au moins, on sait à quoi il occupait ses soirées pendant que ses potes saccageaient leurs chambres d'hôtel). Au moment où on commence à se dire que vraiment, la chanson fonctionne pas mal, Page et Bonzo sortent subitement du rang et se mettent à bâtir à toute vitesse un édifice rock aussi inattendu que parfaitement anodin, dont la seule fonction est d'être en fin de compte balayé façon château de sable par le retour fracassant de Jonesy et de la guitare au trémolo mollasse. Entre-temps, il y a eu un solo de guitare - comment il fait déjà le solo de Down by the Seaside? - et Plant a même un peu chanté - mais on n'a curieusement gardé aucune trace des paroles, ni du reste d'ailleurs, car la chanson a repris son cours normal. Voilà, c'est ça Physical Graffiti, on a du temps devant soi, des bières au frais et plus rien à prouver, alors on s'amuse, on mélange, on invente, et vous avez plutôt intérêt à aimer parce que ça va être comme ça jusqu'à la fin maintenant.
_________________ despète
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