Commandante |
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Inscription: Aoû 11, 2006 23:23 Messages: 618 Localisation: Saint-Malo
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Véronique a écrit: Going to Californiaj'aime beaucoup, meme les version P&P, meme P tout seul (enfin avec SS) mais j'en connais une qui n'aime pas, mais comme elle cause plus on ne le saura pas
hein???? quoi? c'est de moi que tu causes?
J'en profite pour annoncer la suite
Meine Damen und Herren: Houses Of The Holy
The Song Remains The Same
perso, j'aime bien ce morceau, pas trop sur l'album mais plutôt en live (ma version préférée reste celle d'Eddie )
Pierrou
The Song Remains The Same? En VF, "c'est la même chanson"? Bien sûr que non! En cinq albums, Led Zeppelin s'est payé le luxe de nous offrir 5 titres d'ouverture très différents les uns des autres mais tous devenus des classiques, annonçant superbement, chacun à sa façon, à quelle sauce on allait être mangé sur le reste de l'album. La longue et flamboyante séquence instrumentale sur laquelle commence The Song Remains The Same ne peut effectivement être directement rapprochée d'aucune des chansons précédentes de Led Zeppelin. Il s'agit sans conteste de leur partition la plus complexe jusqu'alors, du point de vue des rythmes, des harmonies, des mélodies, et on ne peut pas la résumer à ce riff lumineux de guitare 12 cordes, exécuté par un Jimmy Page plus virtuose et inspiré que jamais, accompagné, et pas simplement soutenu, par une rythmique bondissante d'une précision impressionnante. La chanson a aussi sa part d'ombre, si on veut. Qui est clairement mise en avant sur le couplet (cette partie chantée a été rajoutée à la demande de Robert Plant, le morceau étant à l'origine un instrumental), où le groupe lève sérieusement le pied après la cavalcade du début, avec Plant qui chante d'une façon un peu lointaine, détachée. Mais le refrain laisse lui aussi un goût bizarre en bouche : alors que la musique redémarre en trombe, et que Plant se met à hurler dans un registre surnaturellement aigu, c'est paradoxalement la même grisaille qui embrume nos cerveaux. Car de la Californie à Honolulu en passant par Calcutta, on verra défiler de belles images, mais dans le fond, la chanson reste toujours la même. Quelques siècles avant Robert Plant, Lao Tseu avait écrit :"Le sage ne quitte pas son baluchon même s'il y a de beaux paysages à contempler, paisible, il demeure libre et indépendant". Cette chanson serait-elle donc un manifeste taoïste? La référence est-elle volontaire? Lao Tseu - le Vieillard Enfant. Voilà un sobriquet qui irait comme un gant à Plant sur cette chanson, qui alterne avec la souplesse qu'on lui connaît une voix cassée et presque chevrotante et des hurlements enfantins, mêlant dans une même inflexion vocale la sagesse et l'innocence, la bienveillance et le détachement. Cet effet inattendu imprègne en réalité la chanson en entier. J'ai parlé de la virtuosité de Jimmy Page sur ce titre. Il aurait pu choisir de l'étaler sans vergogne pendant 5 minutes. Mais il sait que tout ce qui brille n'est pas de l'or, et qu'à l'inverse les pépites d'or sont souvent cachées au creux des ruisseaux. Ecoutez le mixage sur cette chanson. Aucun instrument n'est rééllement mis en avant. Les motifs très recherchés de basse et de batterie sont distinctement audibles, la guitare rythmique est placée sur le même plan que les impressionnantes arabesques de guitare solo. "Parce qu'il se cache, il est est parfait. Parce qu'il est sans ego, il est pur. Parce qu'il ne s'impose pas, il vient à bout de toute chose." Par un drôle de paradoxe, ces phrases du Tao Tö King vont comme un gant à Led Zeppelin, qui traîne et entretient aussi, pourtant, l'image d'un groupe mégalomane accro aux décibels et aux effets de manche. Mais ces demi-dieux, qui se produisaient souvent dans d'improbables costumes de funambules, sont pourtant les meilleurs lorsqu'il s'agit de laisser leurs petites ambitions individuelles de côté pour s'effacer devant leur musique si belle et évocatrice, qui atteint ici des sommets de puissance et de maîtrise.
Dom's
Une herse immense et chromée vient de se lever, dégageant ainsi le passage à une horde magnifique de pur-sangs sompteux qui s'en échappent et partent alors à 1000 à l'heure sur une piste faite des cendres volcaniques de cinq années de pure furie...
Aujourd'hui donc, oui, le chant est le même certes, mais les partitions ont changé. Voici le temps des nouveaux couteaux...On ne part pas pour l'année à venir mes enfants, mais pour un siècle...oui...regardez vous donc, regardons-nous...nous sommes ces petits gosses bouclés, nus comme des vers, gravissants les marches imparfaites de la chaussée des géants que reproduit si bien la pochette tant attendue d'Hipgnosis...Probablement l'une des plus belles du rock...Au milieu du livret de l'opus, en fond de bleu si profond et face à ces roches abruptes du temps, l'homme adulte fait-musique ne nous offre-t-il pas nous, horde de fans/enfants, ne veut-il pas nous immoler à la multiplicité des avenirs improbables qui sont fatalement couché dans ce premier morceau de fin du monde qu'est "the Song remains the same" ?
Oui, un rock d'une brillance d'airain est là, offrant en préambule le péremptoire de la herse métallique qui nous libère à penser ce que l'on veut de la vie, de la musique, qui nous pousse à l'assujettissement à ces nouvelles rythmiques tribales. Bacchanale de métal qui s'emballe dans le parfum enthousiasmant des arpèges de Page, ils ouvrent un ciel bleu tout entier aux sentiments troglodites de nos coeurs offerts, Jones lui colle au train tandis que Bonzo assure le maintien d'une certaine éthique à la binarité rock...et puis des clairières sonores calmes seront visitées où Plant offre verbe apaisant car en voix d'enfant, et puis le torrent sonore impressionnant repartira en fuite époustouflante jusqu'au solo/orgasme du maître des lieux, et ainsi va la vie quand il s'agit d'extase et d'amour du nouvellement dit et exprimé dans une telle évidence ! oui, c'est cmme celà que ce morceau devait être écrit bordel de merde !
_________________ despète
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