Gallows pole
génial, ce mélange balade de Villon et furie celtique de Jimmy..
Dom's 6 - Gallows Pole :
j'adore la progression de cette sorte de "hard folk" song. ça démarre en très beau thème de Page à la guitare acoustique, Planty minaude quelque peu dessus, Jones y tiens mandoline, et c'est mignon, joli tout plein, ça sent le bon foin juste fauché de Bron Yr Aur, il y a des jolies fleurs odorantes un peu partout...et puis et puis voilà-t-y pas que ça s'emballe sec, n'oublions pas que le titre signifie "potence", ça s'affole dis-je, Bonzo commence à bien blaxonner sa batterie, puis ça bastonne de plus en plus grave, une sorte de spirale infernale s'instaure, genre tourbillon en direction d'un gros trou noir aspirant tout sur son passage, nous y compris, c'est tout simplement un des morceaux les plus excitants de cet album.... bordel de merde !
Pierrou Gallows Pole
Friends, le faux-ami acoustique de la première face, était au moins aussi tendu et "électrique", finalement, que des boules de nerfs teigneuses comme Immigrant Song ou Celebration Day. Ce Gallows Pole commence tout autrement, comme une chanson folk très bonne mais très convenue, jusqu'aux paroles un peu cliché, où Plant implore le "hangman" de lui laisser un peu de répit. Aux plus jeunes d'entre nous, je rappellerai que la pendaison n'était plus vraiment d'usage dans l'Angleterre de 1970 : comme le blues joué par le dirigeable, le folk zeppelinien sera donc fortement stylisé, jonglant plus ou moins habilement avec les clichés et les codes du genre, et produisant, paradoxalement, une musique assez distanciée mais qui ne vise rien d'autre que le plaisir immédiat de l'auditeur. Cette formule serait encore un peu trop simpliste pour le Zep, qui aime bien brouiller les pister et surtout, qui ne peut pas s'empêcher d'aller mélanger un peu toutes les potions de son labo, des fois que sorte de l'or au bout de l'alambic. Et rapidement, le folk sympatoche de ce titre se transmue effectivement, on aurait dû s'y attendre, en métal précieux, avec un riff acoustique sur deux accords qui est un genre de lointain cousin des champs, remarquablement robuste, de celui de Whole Lotta Love. Carrément! Il faut dire aussi que Led Zep fut l'un des premiers groupes, avant Ministry et quelques autres, bien plus tard, à nous avoir montré qu'un banjo pouvait faire plus de dégâts qu'une mitraillette soviétique. Sans parler de cette mandoline qui vient vous mordre les mollets de ses petites dents acérées. La batterie, elle, accompagne, ou plutôt entraîne les autres instruments dans le roulé-boulé qui suit, et le premier morceau de la face acoustique finit, comme de bien entendu, par un numéro de Page jouant bien au delà de la saturation sur sa guitare électrique qui se prend pour un violon dingue. Pour bien se rendre compte que la dynamique d'un groupe comme Led Zeppelin est au moins intacte, sinon magnifiée, lorsqu'il passe en acoustique, il faut aussi jeter une oreille aux versions totalement acoustiques de Gallows Pole jouées sur la tournée Unledded de Page et Plant. Le son très particulier de la guitare Ovation de Jimmy Page, au moment des accélérations, est bien plus violent, frénétique et proche du bruit blanc que bien des empilements de guitares noisy gorgées de fuzz. A partir de ce titre, en tout cas, c'est clair, tout peut arriver...
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