Je reviens de la Musicale en Tournée, au Bikini, à Toulouse.
Trois mots:
Jim Jones RevueLes héros du soir, les outsiders, ceux que personne n'était venu voir, se sont appliqués en une petite demi-heure de set à défoncer toute idée de concurrence. Et y avait du boulot devant un public mou du genou, mais qui dut progressivement se rendre à l'évidence que la Jim Jones Revue ne lâcherait pas l'affaire tant que ça sentirait pas du dessous de bras jusqu'à la buvette au fond de la salle.
De la sueur, donc, pas de manière, pas de pose, juste du jus, de la chaleur, un vacarme assourdissant, et un putain de sa race de rock'n roll de pionnier 50's.
Un groupe qui joue serré comme le poing, potards à 11, droit dans ses Santiags, le chanteur bouffi qui se prend pour Little Richard et qui échoue aussi régulièrement que magnifiquement à ne serait-ce que se faire entendre (et pourtant faut le voir se ravager les cordes vocales pour le croire), un guitariste longiligne à la banane impeccablement gominée, un batteur métronomique impassible, et un pianiste debout qui aurait rêvé d'être Jerry Lee Lewis et qui fracasse ses touches à deux doigts d'une main. La basse? Euh, là c'était pas la question, mais il avait l'air pas dégueu non plus...
Quelle putain de pagaille!
Franchement, le pianiste n'aurait pas porté un jean slim, tout eut été strictement parfait.
A réserver à un public averti et qui aime le vieux rock'n roll, mais si on entre un tant soit peu dans cette catégorie, c'est le pied, moi j'étais liquide.
http://www.myspace.com/thejimjonesrevueDu coup, fallait bien une demi-heure de pause pour que les suivants ne pâtissent pas du changement d'atmosphère.
Et les suivants, c'était
Ghinzu.
Et en effet ils en ont bavé pour installer leur climat. Le chanteur assis pour les premières chansons s'excuse de problèmes techniques que je n'avais pour ma part pas remarqués.
C'est bien, Ghinzu mais là ça sonnait un peu emprunté, on aurait dit qu'ils se sentaient étriqués dans ce format court (set de 40 minutes environ pour eux), ça passe de morceaux lents récents (où j'avoue, j'ai baillé une fois ou deux) aux tubes, directement, et c'est seulement à partir de ces derniers (Dragster Wave, Do You Read Me, etc) qu'ils retrouvent de la chaleur et qu'ils nous transportent. Tout finit donc très bien mais on a eu peur.
Et puis
Placebo.
Le trio, formé de six personnes désormais (what the fuck?) est immédiatement décevant. Ils étaient déjà chiants sur la dernière tournée, mais cet entame de set est encore au delà. Quelle catastrophe! Molko est livide sous son catogan (ça marche nickel les implants, décidément), presque maladif, et ça décolle pas.
Jusqu'à...
Battle For The Sun!
Ben ouais, confirmation, ce truc est une tuerie sur laquelle le groupe retrouve cette tension qui fit son succès tout en y incorporant ce qui fait aujourd'hui sa marque de fabrique, un style un peu grandiloquent pas désagréable.
Parce que le vrai soucis de Placebo, aujourd'hui, c'est qu'ils sont devenus "gros", et qu'ils l'assument pas. Mais bon sang, ils sont six, leur son est énorme, ils comptent une violoniste dans leurs rangs et jouent à trois guitares, c'est pas comme si on le voyait pas que c'était plus le même groupe ni la même musique.
Parce que quand ils l'assument, ce nouveau statut, c'est quand même quelque chose, les titres des deux derniers albums ont pris un volume inouï, et lorsqu'ils revisitent des classiques de l'album Without You I'm Nothing (je pense à un
Every You Every Me absolument dantesque ce soir), c'est merveilleux.
Mais faut en revanche qu'ils arrêtent de s'appuyer autant sur les morceaux de Black Market Music, qui prouve à chaque tournée qu'il est leur disque le plus faible, et sur lesquels Molko en fait des caisses en voulant émouvoir. Beurk.
Mention très très bien au nouveau batteur, étincelant, qui a l'air d'un gamin surexcité par son nouveau jouet (style "ouah les mecs, regardez ça, je joue avec Placebo, topez-là c'est moi le king"), et dont la joie candide d'être là est communicative.
Du très bon et du vraiment pas bon pour le trio des six, donc, à voir ce que ça donne dans une grande salle plus conforme à ce qu'ils sont devenus.
Pour finir, j'y tiens, mention "go to hell mother fuckers" au service d'ordre.
Déjà, j'ai dû laisser mon numérique à l'entrée, ça m'a gavé mais admettons, respect.
Mais se faire engueuler tout le concert durant dès qu'on a le malheur de sortir son portable, ça, c'est insupportable. A peine tu le tiens dans la main et qu'il s'allume, t'as un mec derrière qui te tape sur l'épaule et te demande instamment de ranger ça. Putain, vous avez peur que je fasse du tort à qui en prenant une pauvre photo floue avec mon téléphone? Quand bien même j'enregistrerais avec la fonction dictaphone, je crois pas que je ferais du tort à la Musicale.
Le pompon, c'est quand j'ai posé ma veste délicatement allongée sur la rambarde et qu'une meuf du service d'ordre est venue la tâter pour voir si j'avais pas planqué un enregistreur dedans.
C'était super chiant.