JC a écrit:
J'ai du mal à te contredire, cet album est scandaleux.
Comme-ci un ingé son venait de découvrir un synthé et qu'il s'amusait à appuyer sur les touches au hasard.
Ca n'a même pas l'excuse de vouloir innover.
Et bien si
ça innove. Et sacrément même. Peut être pas dans l'absolu mais dans l'univers plantien, ça bouscule tous les repères. Plant dans le dvd qui accompagne l'excellent coffret "Nine Lives" parle au sujet de cet album de hara-kiri musical, autrement dit de suicide artistique. C'est vrai qu'il pousse le bouchon loin dans le déni de tout ce qui fédère sa personnalité musicale antérieure. Comme si avant de pouvoir renaître à lui même et à son passé, il fallait qu'il en passe par là, par cet exercice de déconstruction périlleuse et totale. Oh bien sûr, on peut tout à fait dessiner des tentatives d'explication des motivations cachées de Robert. Gardons celà pour la suite, cependant.
Je suis en train de me réécouter l'album, et finalement c'est une poursuite plus avant de la modernisation du son entamée sur "The Principle of Moments". Le problème pour moi, c'est que les compos de cet album sont plus que faibles et que ça vire vite à l'exercice de style stérile et pénible.
Mes deux titres préférés sont :
- "Trouble Your Money". A la batterie, de très bonnes parties dynamiques, en rupture, de Ritchie Hayward. Little Feat c'était quand même pas m'importe qui dans les 70's, (qui se souvient encore de l'excellent live "Waiting For Columbus" par exemple ?) même si on ne fait que sentir des potentialités dans cette compo le morceau n'est pas assez abouti.
- "Sixes and Sevens". De bonnes parties de chant lead de Robert dans ce morceau, typiques de son expressivité.
J'aime bien également les versions live de "Easily Lead" et de "Little by Little" qu'on peut retrouver sur certains maxi et boots de 85, ça s'emballe bien sur la fin des morceaux, en partie grâce encore au chant si expressif de Robert.
De manière générale, ça reste quand même l'album que j'aime le moins de la discographie solo de Plant, et de loin. Je n'adhère pas aux choix artistiques de cette période, notamment ces sons de guitare synthé que je n'affectionne pas du tout.
Il y a au moins une chose que l'on ne peut enlever à Plant, c'est le fait que, comme avec LZ et dans un tout autre registre bien sûr, aucun de ses albums solo n'est identique au précédent. Toujours cette volonté d'aller de l'avant, d'explorer, de se remettre en question, de surprendre. Toujours ce refus de se laisser enfermer dans des formules toutes faites, de parcourir sans risque un sillon bien tracé à l'avance, cette peur du cliché réducteur. Toujours cette exigence de l'artiste en quête de renouvellement permanent.
Finalement Robert Plant n'a eu de cesse de mettre en pratique ce qu'il affirmait lors d'interviews solo. Son but était de parcourir le plus de styles musicaux possibles. Même si finalement, une démarche toujours en mouvement de ce genre amène inévitablement une question essentielle : à travers et au delà de toutes ces réinventions perpétuelles de soi-même, où se situe le véritable CENTRE inamovible, irréductible de soi ? De quoi est faite sa quintessence ? et encore pourquoi cette fuite en avant dans l'action totale et sans répit, comme si le moindre relâchement dans l'engagement signifiait le risque de mort et de perte ?