Roger WC a écrit:
["Qui croire ?" n'est pas une question très pertinente pour quelqu'un qui mène une véritable enquête..!"
Oh que si, quand il y a une telle opposition dans les témoignages.
Roger WC a écrit:
Et juste avant tu nous disait que le père racontait n'importe quoi sur son fils, alors nous le sortir comme source de crédibilité de tes propos c'est un peu bizarre, surtout quand notre "débat" commence parce que je défends son point de vue contre le tiens."
Je n'ai jamais dit que le père Morrison disait n'importe quoi. Ma "lecture" du personnage du père ne correspondait pas du tout à un "dire", de toute façon, mais plutôt à un "penser". A aucun moment le père de Morrison ne dit ce que je lui attribue en "pensée" (cf. jeune branleur, amuseur de galerie ...) mais ce qu'il ne dit pas, on est tout naturellement conduit à le déduire de ce qu'il dit.
Que dit-il alors ?
Et bien, que son fils n'avait pas de réel talent vocal, qu'il n'était qu'un fantaisiste, et que le jour où il a appris la sortie du 1er Doors et le succès rencontré par le groupe, puis les tournées, il avait été sidéré, lui qui lui avait dit : "You'd better get yourself a job !" = Tu ferais mieux de te te trouver un VRAI travail (en sous-entendu)
On sait de source sûre que Jim Morrison, quand on lui posait des questions au sujet de ses parents, affirmait que ceux-ci étaient morts, ce qui était faux bien entendu.
D'un autre côté le père Morrison, toujours dans "When You're Strange", dit à la caméra qu'il fait un piètre commentateur de la carrière et de l'oeuvre de son fils. Tout à fait compréhensible, quand on sait l'intérêt pratiquement nul qu'il témoignera au groupe. Il ne viendra d'ailleurs jamais voir "The Doors" en concert.
Le "clash" entre le père et le fils fut profond, c'est certain. Source de souffrance intériorisée chez Jim ? Ca me paraît très probable.
La lecture que j'ai du contexte me porterait à penser qu'il s'est construit en opposition complète du père, que cette carrière de chanteur rock est arrivée par "accident" mais ne correspondait pas vraiment à un choix ancré dans son histoire personnelle. On sait que Jim, avant de connaître le succès, avait entamé un cursus consacré à la réalisation cinéma. Ca, plus son intérêt pour l' écriture : deux centres d'intérêt qui ne le portaient et ne le préparaient aucunement à une ultra-exposition aux média comme celle qu'il a connue avec "The Doors". Qu'il ait apprécié son succès et sa célébrité soudaines au départ, qu'il ait vécu celà comme une revanche prise sur l'indifférence de son père, ça paraît plus que probable. Le problème chez Jim s'est révélé dans la suite de sa carrière. Celle-ci, n'ayant pas été fondée sur un VRAI choix de départ et ne correspondant pas VRAIMENT à des aspirations profondes, a fini par lui peser plus qu'autre chose. Il s'est donc senti "piégé", contraint de jouer un rôle dont il n'était pas l'auteur.
Roger WC a écrit:
["Ensuite je ne vois pas en quoi dire que Morrison est un abruti peut paraître "on ne peut plus éloigné de ce qu'était sa réalité". C'est quand même un mec qui faisait son intéressant en buvant, se droguant, et racontant des obscénités. Loin de moi de m'offusquer de tout ça, mais c'est loin d'être une preuve d'intelligence, tout comme le fait de mourir d'overdose d'héroïne (que ce soit au Rock'n'Roll Circus ou dans sa baignoire). Loin de moi également de trouver tout ça pathétique de manière générale (encore qu'avec notre énergumène j'y suis plus enclin), mais le sujet n'est pas de savoir si Morrison est un grand "rocker" mais si c'est un abruti ou pas. Et j'ai beau aimé des mecs comme Keith Moon ou John Bonham, en général les deux choses vont de paire.."
Ton constat n'est pas faux, mais bien trop terre à terre. Une des grandes énigmes que pose la personnalité de Jim Morrison, à mon sens, réside dans la question suivante, qui je pense est venue à la pensée de millions de personnes dans le monde : Comment peut-on légitimement comprendre qu'un mec comme Jim Morrison, qui avait TOUT pour lui, la beauté, l'intelligence (ne t'en déplaise), le succès, l'argent, l'amour des femmes, ait pu choisir
délibérément de mettre à bas tout celà et de détruire méthodiquement ce qui constitue le rêve et l'idéal partagés par une large frange de la population ? Il faut tenter de répondre à cette question essentielle quand on veut faire oeuvre intelligente autour de Morrison. Traiter l'individu d'"abruti" est dans ce sens primaire.