Mohamed Rouicha
Il s'agit d'un chanteur marocain joueur de
Ouatar (ou
Loutar sorte de luth,
Oud, en plus rustique).
C'est un des grands noms contemporains de la chanson berbère, un de ces talents longtemps restés dans l'ombre (la faute au système et à l'image tout sauf moderne de la musique traditionnelle qu'il défend et fait vivre depuis toujours).
Issu d'une famille modeste il quitte l’école à l’âge de 11 ans, puis, après des dizaines d'années passées dans l'anonymat des musiciens de la chaîne de télévision RTV marocaine, il a enfin l'occasion de sortir un album et de se faire connaitre, dans son pays puis dans le monde entier, grâce notamment au Festival des musiques sacrées du monde de Fès où il se produit en 2004 avec ses musiciens.
Interprète des chants amazigh (nom générique des différentes langues pratiqués par les berbères : Kabyles, Rifains, Touaregs... ce sont les dialectes originels de ces peuples avec des emprunts au phénicien, au latin, au turc, à l'arabe, au français, ou encore à l'espagnol) et arabe, il chante dans un style populaire purement traditionnel, l’amour, la nature, la justice (que ce soit dans le monde profane ou religieux), la politique, la vie et la mort. Ses mélodies envoûtantes qui ont fait le tour du monde, à travers les festivals mais aussi certaines œuvres de créateurs occidentaux. Il accompagnent, par exemple, plusieurs scènes de "8 mm", long métrage de Joel Schumacher.
Son cas est très intéressant car il est définitivement un des plus grands défenseurs de la musique soufi et sacrée et combat depuis toujours la marginalisation, voire l’humiliation, des musiques et musiciens traditionnels, au Maroc et au-delà :
"Loutar est instrument qui était menacé de disparition. Il était utilisé dans la Halka (théâtre ancien d'Afrique du Nord). J’ai voulu le sauver et faire de lui un instrument musicale marocain à part entière.
Dans l’imaginaire marocain, il est synonyme de quelque chose de futile et d’insignifiant, puisque les mendiants s’en servaient dans les bus et les cars. Or, c’est instrument historique, et qui fait partie de notre patrimoine. On jouait avec dans le malhoune, le merssaoui, etc. Chez nos voisins les Algériens, il est soigneusement gardé dans les musées.
Le modèle occidental n’est pas le meilleur, et comme dit un ancien adage marocain : -il y a dans le fleuve ce que la mer ne peut contenir-".
Personnellement, j'aime plutôt sa musique mais je suis encore plus admiratif de ses idées et ses combats.
Musicalement il a réintroduit, parfois ressuscité, des instruments, des rythmiques... le seul truc que je trouve vraiment chiant c'est les choeurs féminins qui reprennent les refrains (mais ce n'est pas un choix de sa part, c'est le genre qui veut cela) et qui souvent je trouve casse la magie ou donne l'impression d'être à un mariage (beurk).
Audio :
Morceau 1 Morceau 2 Morceau 3 Morceau 4
Vidéo :
Morceau 1 Morceau 2
Plus tard dans la semaine, si la commandante ne s'y colle pas (normalement c'est à elle de lancer ça, mais ces derniers temps, elle se défile, pour de soit-disant raisons post-gestations...), on ouvre le chapitre
Dahmane El Harrachi.
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venusohm a écrit:
Je n'ai rien contre JPJ, à l'exception de ses années Clayderman de 77 à 80.