Groupie hystérixx |
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Inscription: Aoû 12, 2006 23:09 Messages: 3573 Localisation: Paris
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Bon je relanve parce que on est quaziment arrivé au bout, faut pas lacher en route quoi!!
Hots on for Nowhere
Pierrou
La fille vous dit bonjour et vous avez ce sourire bête pour le reste de la journée - vous savez bien. Ecouter Hots on for Nowhere, c'est comme tomber amoureux. Elle n'a pas nécessairement les mensurations d'un mannequin mais il y a quelque chose, dans l'écartement de ses yeux, dans la façon dont ses lèvres se plissent, peut-être dans sa voix, qui vous a chamboulé d'emblée. Le morceau est tout sauf une ressucée du Chien Noir, ou de la Chanson de l'Immigré, ou que sais-je encore, et pourtant, on reconnaît tout de suite ce style typiquement pagien qui nous a déjà tant de fois mis à genoux à la grande époque, musique tonique et subtilement goudronneuse qui saura prendre dans nos coeurs la place que The Ocean ou Celebration Day avaient occupée autrefois. C'est reparti. Alors que sur Achilles Last Stand, Led Zep semblait arc-bouté sur ses principes, un peu fébrile quand même, que sur Royal Orleans, Bonham et Jones tentaient la sueur au front de raviver le souvenir des nuits chaudes de New Orleans, alors que le groupe, morceau après morceau, est monté doucement en puissance, obstinément agrippé à ses doudous rock, blues ou funk, selon les moments, ce titre-là est complètement évident, évident comme une caresse ou comme des yeux qui brillent. Et finalement, c'est peut-être ça qui distingue la musique zeppelinienne du tout-venant heavy-rock, l'évidence - le charme, un truc qui ne pousse pas forcément au pied des murs d'amplis ou entre les cordes des guitares à trois manches. Plant en a à revendre ici, il nous ressort ce fameux sourire enjôleur qui, trente ans après, fait toujours craquer les filles aux quatre coins du globe, et surtout, il a encore trouvé une mélodie incroyable, pratiquement un genre de rap, mais en version fifties, sacré flow le Robert, jouant tout du long avec ses cordes vocales comme si c'étaient deux élastiques. C'est lui, au moins autant que Bonzo, qui donne sa souplesse rythmique à la chanson, grimpant et dévalant les octaves tel un chariot de grand huit, félin, agile comme un joueur de belouze, complètement dans l'esprit faussement foutraque et désinvolte mais authentiquement virtuose du Candy Store Rock qui vient de s'achever. Décidément, Robert Plant est un peu (...beaucoup) plus qu'une grande voix et/ou une grande gueule du rock, c'est vraiment avant tout un musicien inspiré, devenu en quelques années aussi visionnaire et minutieux que son pote Jimmy. C'est aussi grâce à lui que Presence, l'album à guitares composé par Page, tient debout. Cela dit, comme la plupart de ses voisins d'album, Hots on for Nowhere n'est pas forcément l'une des oeuvres les plus cotées du Zeppelin, un peu moins déluré que Celebration Day, moins vlan dans tes dents que ne l'était The Ocean, pour ne citer que deux de ses glorieux aïeux. Il a pourtant montré qu'il avait les reins aussi solides que n'importe quel rock du groupe lorsque Page l'a repris, sans Plant, sans Bonzo, sans Jonesy, au cours de sa tournée avec les Black Crowes, en l'an 2000. Joué par les Black Crowes, joué par le Zep, un titre évident, séduisant, disais-je, de ceux qui donnent l'illusion de se construire au fur et à mesure à partir d'un simple riff de guitare, au gré des fantaisies et du (grand) talent de ses interprètes, en piochant comme ça vient dans le jazz (mais un jazz explosif à la Wanton Song, écoutez-moi cette walking bass du diable au milieu de la chanson), le funk (et là on dit merci Bonzo - beaucoup plus naturel et convaincant que sur Royal Orleans ou même The Crunge), et bien sûr, dans le rock'n'roll des origines, histoire de battre encore et toujours le fer rougi et travaillé sur les cinq morceaux précédents. Et le Page pompier pyromane de 1976! Le Page au four et au moulin, aux fines murailles fenderiennes violemment zébrées de graffiti rageurs - ces soli sauvages que même en live, il n'avait osé nous offrir jusqu'ici... Le musicien accompli, revenu de tout et surtout des productions parfaites de l'ère Houses of the Holy/Physical Graffiti, et qui craint de moins en moins de salir ses beaux morceaux tout neufs, si ça peut nous faire plaisir. Il est grand, notre plaisir, à l'écoute de ce titre. C'est comme tomber amoureux, un peu, mais sans les complications qui vont avec. Plaisir pur et simple, une bonne dose, ça tombe bien, il nous faudra au moins ça pour endurer la fièvre et les frissons du flippant Tea For One...
Chez Dom's je ne voit pas de critisue de présence
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