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Inscription: Aoû 11, 2006 23:50 Messages: 172 Localisation: Saint-Malo
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BOOGIE WITH STU
marche po chez doms
Pierrou
Boogie With Stu
Alors voilà, c'est un boogie. Avec Stu, alias Ian Stewart - le 6ème Rolling Stone - au piano. Ca, c'est pour la théorie. En pratique, les sonorités bizarres de la batterie de Bonzo nous rappellent dès le départ qu'on est chez Led Zeppelin et pas au troquet du coin de la rue en train de subir un boeuf de blues-rockers arthritiques sur le retour. Les dix premières secondes, donc, sont particulièrement intrigantes : on nous annonce une petite jam champêtre, et on tombe nez à nez avec cette rythmique de beatbox de l'âge de pierre - le genre d'engins que Léonard de Vinci bricolait probablement dans le garage de ses parents avec trois bouts de bois, un élastique et deux casseroles étant enfant. Très étonnante, venant du grand John Bonham, qui d'habitude nous cogne de si jolies petites mélodies sur sa batterie, cette pulsation quasiment robotique qui aurait tout aussi bien pu sortir d'une machine-outil de l'époque. La guitare qui se pose par dessus est dans la même veine mécaniste, jouant un blues de boîte à musique, et bâtissant inconsciemment des ponts de singe entre Kraftwerk et Hound Dog Taylor que nul n'osera jamais traverser, à l'exception, peut-être, du regretté Chris Whitley bien des années plus tard. Le facteur humain est à rechercher du côté de ce bon vieux Stu, qui s'était déjà fait remarquer en faisant le fou sur le cousin Rock'n'Roll de Led Zeppelin IV. Pour sûr, Boogie With Stu sans le Stu, c'est plus Boogie With Stu. Il faut l'entendre, ici encore, martyriser son vieux piano de maison de joie, balancer ses notes un peu au petit bonheur et toutes les rattraper au dernier moment, jouer au chat et à la souris avec la rythmique rigoriste de Page et de ses hommes... Lui, en tout cas, a l'air de s'amuser comme un môme, et on est vite tenté de faire pareil. Plant est de bon poil aussi. Comme pour les enfants en bas âge, il faut apprendre à décoder ses hurlements : là, par exemple il nous crie sa joie de chanter encore et toujours ce foutu vieux rock'n'roll qui, dix ou quinze ans auparavant, a si spectaculairement chamboulé son existence. Et puis après, il y a cette mandoline qui prend un excellent solo aussi enlevé et spontané que ceux de Stewart. Que vient-elle faire ici, me demandera-t-on ? Plein de réponses possibles. Si ça se trouve, c'est pour faire comme sur Led Zeppelin III, parce que c'était quand même bien, ou peut-être est-ce un hommage à Sleepy John Estes, grand bluesman de son état, dont le Zep avait déjà enregistré The Girl I Love She Got Long Black Wavy Hair pour la BBC en 1969. Peut-être aussi qu'ils ont sorti les mandolines parce qu'en acoustique ou en électrique, au synthé ou à la Les Paul Standard, ou à la mandoline, Led Zeppelin reste toujours Led Zeppelin, et comme certains défricheurs du free-jazz à la même époque, ses membres semblent se faire un devoir de casser les vieilles habitudes et les rôles prédéfinis en apprivoisant sans cesse de nouveaux instruments et en essayant en permanence de nouvelles combinaisons. Cela dit, la combinaison gagnante du Boogie With Stu, on est quand même bien content de la retrouver presque telle qu'elle sur le morceau suivant, le très bon Black Country Woman...
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