Commandante |
|
Inscription: Aoû 11, 2006 23:23 Messages: 618 Localisation: Saint-Malo
|
In My Time Of Dying
Je ne dirai qu'une chose: superbe!!! mais encore bien mieux en live
superbe texte aussi ami Dom's
Dom's "In my time of dying"..."le jour où je mourrai", actualité de la souffrance, d'abord lointaine et en multitudes noyées en l'instant, puis réapparue si proche en ce début de froid janvier, et ô combien douloureuse, jusque dans le plus profond de ma chair... Bizarre de devoir chroniquer ce morceau dans ces circonstances, je le connais depuis si longtemps, ah...les belles années d'insouciance, quand tout allait si bien et qu'il faisait si beau...et puis ce titre là, maintenant, en pleine tronche...le récit d'une vie entière en un accéléré d'à peine 11 minutes... Bizarre aussi la fin de ma chronique du Rover-vagabond d'il y a à peine deux mois "...comme ces derniers mots qu'on veut absolument pouvoir dire à travers la fenêtre du départ et ce, jusqu'à la fin, comme si la dernière goûte de tout nectar devait être bue..." Il y a bien des lustres, presque à chaque fois avant que nous ne partions au bahut après le départ au boulot du "paternel" réfractaire à ces sons et alors que nous avalions nos cafés au lait et nos tartoches à toutes berzingues, tu l'écoutais avec nous ce morceau que nous nous passions vite fait sur la chaîne familiale, oh oui maman, avec cette joie complice qui se lisait sur ton visage de nous voir nous en réjouir les oreilles dans l'interdit rock mais pas bien grave après tout...tu nous le fis si souvent comprendre...combien tu nous faisais rire quand tu prononçais (en le faisant exprès ?) et à notre insistante demande led tsipline ! led tsipline... ----------- Alors donc le voici ce morceau particulièrement imposant comme le peut être une vie toute entière et bien remplie, oui, c'est un gros blues dont on reconnait et ressent les racines si lointaines magnifiées par la potion magique actuelle d'un Led Zeppelin perpétuellement regroupé en un bataillon infernal de vie et qui en fait ressortir toutes les vertues des chants brûlants de l'origine et de tant d'autres choses mixées, entremélées, qui ondoient lourdement, avec cette sorte de pouls surpuissant qui anime les tempes... Jimmy Page ouvre le bal en un large et métallique point d'interrogation arrondi un peu comme celui de la question que se pose le tout petit gosse qui sort du ventre de sa mère et se met à crier parce ça y est, c'est l'arrivée dans le monde, et ça te fout les chocottes...c'est un peu ce son de métal rèche décrit il y a peu dans une discussion à propos des cordes de guitare au son limite rouillé de Robert Pete Williams, le son des racines, de ces vieilles grattes usées de naissance avec leur tout petit micro chargé de gueuler au monde que celui qui les joue est vivant, furieusement même, et n'est pas une bouse... Après la courte intro, Page poursuit ce riff bizarre et obsédant avec de la slide qui commence à bien faire comprendre à l'auditeur que ça va carrément le trancher en plein bide cette histoire là, manière qu'il s'en souvienne lui aussi, à défaut d'en souffrir, ça me fait un peu l'impression d'une crécelle ou d'une vielle tout au long de l'intro et même après, et de la répétition d'une ritournelle grinçante, celle du souvenir omniprésent... Puis Plant, le vicaire blond, arrive pour dire les évangiles étoufées de cette messe sombre qui prend forme, ça sent l'ensens des célébrations occultes où l'on parle de mort avec la peur au ventre et la gorge serrée, les battements sourds des peaux des futs de Bonzo on déjà bien commencé à rythmer la cérémonie en la mise en mouvement de flots sonores de plus en plus puissants dans lesquels la frêle brasse du récitant est bien impuissante à le garder hors d'eau... C'est donc surtout Bonzo et Page les deux prêtres officiants de ce blues pachydermique qui enfle de plus en plus dans notre derme et nos veines, John Paul Jones lui est un peu effacé et plutôt collé au spectre dessiné par la pogne Bonzoiène, comme un vieux t-shirt sur un corps en sueur, Page assure de la grosse coutellerie de guitare, de plus en plus étincellante et parfois plutôt finement mise en page, il transcende le "dire" blues pour le porter à la fusion et Bonzo qui bastonne très très fort derrière comme pour dire que c'est lui le coeur de cette bachanale d'airain, ou si vous préférez, le socle....ou même l'autel... Vers 3mn45 Page nous perce littéralement l'âme par une déflagration tranchante comme un glaive qui nous saussissonne complètement et donne le feu de départ à une course poursuite assez folle entre lui et sa slide qui s'envole dans un tronçonnage crescendo absolument imparable de nos neurones et le Bonzo qui suit derrière comme un dragster polyrythmisé, fini le binaire blues cambrousard, place à l'urbain démultiplié.... La course folle semble même traîner le petit enfant Plant par la main, lui qui assure toujours avec cette voix enfantine du gosse qu'un monstrueux jouet dépasse, le bolide semble avoir atteint une vitesse de croisière assez élevée, comme une célérité intérieure qu'elle semble générer en nous, l'adrénaline quoi... Puis, comme vers la fin d'une vie, les chose reviennent comme en fin de boucle vers le début de tout, voici déjà l'épilogue de cette folle course, tout semble de nouveau plus calme et serein, l'un des blues les plus brûlants de Led Zeppelin et peut-être aussi des plus proches de la perfection. Repris maintes fois en live, ce morceau ne connaissait pratiquement pas de digression joué en public, il est un tout indissociable... Comme une vie entière....
_________________ despète
|
|