dom's 5 - Misty Mountain Hop :
Il y a quelquechose de logique, de mathématique dans ce morceau...là aussi le côté peremptoire, imparable, le "bah, c'était écrit de toutes façons, ça devait bien tomber un jour", le truc qui nous rend inconsciemment fatalistes....surtout du ama à l'alliance géniale entre le riff vraiment bizarre et obsédant de Page à la présence rivée dans la cire et cette batterie métronomique de Bonzo qui semble remplir les pleins de ses déliés.
Et puis la voix assez affolée de Plant mais regroupeuse de bonnes volontés auditives, surtout quand elle est doublée, mais souvent limite ressemblant à celle hyper aiguë d'un gosse comme celle qu'il aura dans le futur The Song remains The same, et puis John Paul Jones en dandy au grave verbe élastique qui se colle à toute opportunité de gambadage rythmique à la précision d'une giclée Motown métallique, et puis celà finit dans des strates d'harmonie consensuelles, bizarre mais plutôt très sympa.....
Pierrou Misty Mountain Hop
Attention, un chef d'oeuvre peut en cacher un autre! Cette chanson du Zep aurait pu n'être qu'un morceau de transition sympa permettant de souffler après Stairway To Heaven, mais c'est en fait un autre grand moment. N'importe quel autre groupe, ou presque, se serait contenté de jouer ce riff d'orgue si sautillant et prenant ad libitum, bricolant pour l'occasion un petit accompagnement rythmique pépère et une bonne vieille ligne vocale façon power-blues... Mais voilà, il y a quatre membres d'équipage débordant d'idées et d'énergie à bord du Zeppelin, et chacun d'entre eux garde une main sur la barre. Chacun, ici, contribue donc de façon égale à l'excellence de la chanson. Car le riff d'orgue funky, une infernale machine à danser qui est le moteur du morceau, est vite doublé par une guitare enrichie en bon cholestérol, qui ne s'y superpose pas exactement mais vient le compléter par des nuances grivoises que seule la musculature des doigts de Jimmy Page sait produire. Et les deux riffs en question n'auront de cesse de se modifier subtilement tout au long du morceau. Tout ça ne serait peut-être, malgré tout, qu'une bonne petite compo à la Out on the Tiles si Robert Plant n'y livrait pas lui aussi une interprétation étonnante. Cette ligne vocale harmonisée, sur le couplet, fait penser à un gamin pas net qui récite sa poésie, l'effet étant d'autant plus génial que ce chant monocorde alterne de façon très abrupte avec des cris de dément. Cette Misty Mountain qui souffle le chaud et le froid en permanence est donc plutôt du genre montagne russe, elle vous vrie l'estomac de mille façons différentes et vous secoue dans tous les sens, dans la joie et la bonne humeur. La batterie de Bonham apporte encore un relief supplémentaire à l'ensemble : très joueuse, elle s'arrête, repart, s'emporte tout à coup, se met à faire du sur-place avant d'accélérer brutalement dans un grondement assourdissant... Et cet excellent Misty Mountain Hop, fabriqué avec plus de méticulosité encore qu'un manège de chez Disney, nous offre donc quelques sensations fortes qui nous laissent à moitié groggy mais finalement subjugué. On repartirait bien pour un petit tour, mais il y a encore trois attractions tout aussi croustillantes à essayer...
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