Pacey a écrit:
Je suis vachement surpris de voir la complicité ENORME qui semble les lier depuis l'O2. On les avait vu en 2003, puis en 2006 assez froids et distants ensemble. Là, ils ressemble plus que jamais à un clan (en plus avec les familles derr_re en loge...) à un groupe de potes et d'anciens combattants.
C'est très beau d'une certaine manière
C'est bien que tu fasses remarquer cela, que tu le ressentes. Il y a un lien logique avec ce que dis Plant en interview télé sur les chaînes américaines de leurs rapports entre eux, Page, Plant et Jones (ce que j'ai essayé de faire passer à travers mes traductions proposées plus haut).
Avant de leur demander une reformation, un nouvel album ou une tournée, il faut déjà voir quelle est la QUALITE du lien qui les unit tous encore. Car Robert au stade où il en est de sa vie, a besoin d'AUTHENTICITE. Ce que ça implique, cette idée chez Plant, c'est qu'il y avait eu une dégradation, une perte de sens dans leurs liens, et que cela demandait REPARATION dans la mesure du possible.
La beauté de cette version de Stairway To Heaven, elle tient à ce qu'elle propose à Robert d'être le témoin EXTERIEUR de cet esthétisme. Comme l'a fait très justement remarquer Blancoco, il y a une différence essentielle entre le point de vue de l'acteur et du spectateur. L'acteur est pris par son propre rôle. Par ce que cela exige de lui, l'ENERGIE qu'il doit projeter pour que la proposition artistique qu'il tente soit REUSSIE. Il y a des enjeux fondamentaux qui se cachent derrière ces phénomènes.
Il y a peu, je viens de finir un livre sur Bruce Springsteen prêté par un ami. Pas que je sois vraiment un fan, mais Bruce compte parmi les rares artistes à qui j'accorde un crédit total ou presque en dehors de Led Zeppelin, que ce soit sur le plan artistique ou humain. Et voilà que je tombe sur ce passage, qui est une déclaration faite aux media américains en 2003 :
Bruce Springsteen a exprimé l'importance de la confiance nécessaire en son entourage proche pour continuer à créer dans de bonnes conditions. La clé de la survie dans le travail qu'il a inventé est le renouvellement des idées.
"On ne peut pas vraiment rester sain de corps et d'esprit sans une dose de conscience et une recherche permanente et approfondie de ce que vous êtes et de ce que vous faites. C'est cela qui donne du sens à toutes les choses stupides et bizarres qui vous arrivent quand vous êtes une star ! Mais ce qui vous éloigne de ce renouvellement des idées est une insécurité sur ceux que vous acceptez autour de vous."S'inspirant de l'exemple et des erreurs de ses prédécesseurs, Bruce Springsteen a su trouver dans cette garde rapprochée de collaborateurs la protection contre l'isolement que procure la célébrité. Bien entouré, il n'a pas eu besoin d'avoir recours aux artifices usuels dans la profession, alcool, drogues, pour lutter contre la pression exercée par les attentes de l'industrie musicale ou du public, au moment où sa popularité était à son apogée.
"Quand vous êtes plus jeune vous voulez tout, vous voulez tout voir. Vous vivez dans le fantasme de possibilités infinies et si vous avez du succès un monde infini de possibilités s'offre à vous, que vous pouvez saisir. Le danger est là. Si vous allez trop loin dans ce sens, vous atterrissez brutalement pour vous apercevoir que ces opportunités sont des leurres. Vous pouvez facilement confondre le fait de ne plus avoir à faire de choix et la liberté. C'est un piège lorsque vous êtes dans une situation où l'on ne vous refuse jamais rien. Vous pouvez vous méprendre sur le sens de la liberté.
En vieillissant la pression sur vous augmente et je crois que cela vous conduit à relâcher cette pression, que ce soit avec de la drogue ou quoi que ce soit d'autre pour vous. Parce que vous n'arrivez pas à la gérer, vous vous anesthésiez avec ça pour continuer à vivre. Et certains s'enfoncent si profondément, que si la personne qui pouvait les aider se tenait juste devant eux, celà ne servirait à rien. J'ai vu ça plein de fois. C'est une vraie tragédie, parce qu'un artiste qui a tant donné n'a pas pu recevoir en retour les choses qui comptent vraiment, les choses qui pourraient lui apporter de l'accomplissement, du sens et de la compréhension du rôle vital et beau qu'il a joué dans la vie de tant de gens. On a besoin de cette prise de conscience. C'est un mécanisme autoprotecteur qui protège votre talent. Autrement vous êtes complètement essoré et jeté. C'est une tâche que vous ne pouvez accomplir que par vous même, en étant assisté si vous avez beaucoup de chance par une compagne digne de confiance et des amis proches".Pardon de prendre ce détour un peu long pour parler de Led Zeppelin, mais il me semble que Bruce Springsteen dit des choses ESSENTIELLES dans cette interview. Totalement transposables à l'histoire zeppelinienne.
Pour revenir à Stairway to Heaven, il faut noter que la version qui est proposée par la télévision américaine lorsqu'elle retransmet la cérémonie des Kennedy Center Honors est apparemment tronquée. Il y a eu montage avant diffusion, et pas que sur STH. C'est justifié aux yeux des américains par les créneaux horaires hyper serrés des média télé US et pour que le programme rentre dans ces créneaux attribués il a fallu faire des coupes. ARGH !
D'après ce que j'ai compris, la version COMPLETE est téléchargeable moyennant 0,99 $ sur I Tunes. Je n'ait pas l'habitude de fonctionner avec cette librairie musicale donc je ne peux pas vous donner plus de détails. Pour ce qui est de la version de Dime je ne sais pas si elle est plus complète au point de vue de la bande-son. Ca me semble fort improbable.
Autre point que je trouve vraiment intéressant avec cette version de Stairway To Heaven, c'est qu'elle illustre parfaitement dans les choix d'arrangement qu'elle adopte un aspect dont je vous ait déjà parlé quand on avait des débats au sujet des performances scéniques du groupe.
Je vous ait déjà dit que j'aurais aimé voir Led Zeppelin ne pas hésiter à faire appel à des musiciens extérieurs en plus du groupe historique pour interpréter leurs morceaux en concert. Tout ceci dans le but d'enrichir les possibilités d'arrangement et surtout de pouvoir retranscrire toute la subtilité et la richesse des arrangements studio.
Prenez STH par exemple. J'ai toujours trouvé qu'il manquait à Page quelque chose sur scène, même avec sa double manche Gibson dans les versions des années 1970. Ce quelque chose par rapport à la version studio, c'est la fine transition entre la partie acoustique en arpèges du début et la partie électrique (12 ou 6 cordes.) Et bien là, dans la version 2012 de Heart/Jason Bonham, elle est respectée, ce qui rajoute indéniablement à l'effet de crescendo et de montée très progressive en tension parfaite.
Bien aussi que les membres de Led Zeppelin soient SURPRIS par les arrangement proposés. Les réactions qui se peignent sur leurs visages ou que leurs corps retranscrivent au gré des morceaux sont un grand moment, que ce soit le franc rire de Michelle Obama, pliée en deux sur le Rock & Roll des Foo Fighters ("qu'est ce que c'est que ces blancs becs, ils ne font pas le poids"), le headbanging synchrone de Page et Jones sur Ramble On, le regard hautement dubitatif de Page (on comprend) sur le début du chant de Kid Rock sur le même Ramble On, qui commence en fait par une citation instrumentale de Babe I'm Gonna Leave You qui l'avait déjà bien désarçonné, ou encore les regards complices de Plant et Jones sur STH et surtout leur franche approbation et stupéfaction à tous trois sur le final avec cette beauté de choeurs gospel etc.
Plant en voulait de l'innovation et de la surprise, et bien IL EN A EU. Les soeurs Wilson et Jason lui en ont donné pour son grade. Il a été pris à son propre jeu, lui qui raffole à réarranger à l'infini les morceaux du répertoire de Led Zeppelin, on lui a montré ce qu'était LE GRAND OEUVRE : la réappropriation de ce diamant éternel tiré de son propre passé. Bien vu Jason. Un coeur gros comme ça.